Résumé de la décision
La société GE Medical Systems a demandé l'agrément du ministre de l'économie et des finances pour bénéficier du transfert de déficits en vertu de l'article 209 du Code général des impôts (CGI) à la suite de plusieurs opérations de fusion et de dissolution. Cette demande a été rejetée par le ministre. Cependant, le tribunal administratif de Paris a annulé cette décision. Le ministre a ensuite interjeté appel, mais sa demande a été rejetée par la cour administrative d'appel de Paris, ce qui a conduit le ministre à se pourvoir en cassation. La décision de la cour a été confirmée, rejetant ainsi le pourvoi du ministre et lui imposant de verser une somme à la société GE Medical Systems.
Arguments pertinents
1. Applicabilité des articles 210 A et 210 C: La cour a souligné que, même si la société GE Medical Systems n'a pas opté pour l'assujettissement à l'impôt sur les sociétés, cela ne l'empêche pas d'être passible de cet impôt. En vertu de l'article 210 C du CGI, les sociétés, y compris celles en commandite simple, peuvent participer aux opérations de fusion tout en étant légalement soumises à l'impôt. La cour a noté que : "les sociétés en commandite simple, même lorsqu'elles n'ont pas opté pour le régime fiscal des sociétés de capitaux, sont légalement passibles de l'impôt sur les sociétés", ce qui soutient l'application de l'article 210 A lors d'opérations similaires.
2. Transfert des déficits: La décision déjà prise par le tribunal a mis en lumière que le transfert des déficits antérieurs soumis à l'agrément du ministre est permis selon les contingences spécifiques présentées, même si la société absorbante n'est pas assujettie à l'impôt sur l'intégralité de ses bénéfices.
Interprétations et citations légales
1. Interprétation de l'article 209 II du CGI: Cet article indique que "en cas de fusion ou opération assimilée... les déficits antérieurs non encore déduits par la société absorbée ou apporteuse sont transférés" sous réserve d'un agrément. Cela démontre que le transfert des déficits est possible sans condition d'assujettissement à l'impôt sur la totalité des bénéfices. La cour a noté que les clauses de l'article 210 C s'appliquent également aux sociétés en commandite simple, établissant ainsi un cadre juridique clair pour les opérations de fusion.
2. Impôt sur les sociétés - Article 206 du CGI: Cet article stipule que les sociétés en commandite simple sont passibles de l'impôt sur les sociétés. Plus particulièrement, le paragraphe 4 annonce : "l'impôt sur les sociétés s'applique... dans les sociétés en commandite simple... à la part de bénéfices correspondant aux droits des commanditaires". Cela renforce le raisonnement selon lequel l'imposition même partielle peut justifier l'application des dispositions liées au transfert de déficits.
3. Article L. 761-1 du Code de justice administrative: Cet article permet à la cour d’accorder une somme à la partie qui a gagné le litige en tant que frais et dépens. Dans ce contexte, l'État a été condamné à verser 3 000 euros à la société GE Medical Systems pour couvrir ses frais judiciaires, affirmant ainsi l'obligation pour l'État de répondre de ses décisions dans le cadre des litiges administratifs.
En somme, cette décision illustre l'interaction complexe entre dispositions fiscales et les structures juridiques des sociétés, confirmant que les entreprises peuvent être soumises à l'impôt sur les sociétés même si elles n'ont pas opté formellement pour ce régime.