Résumé de la décision
Dans cette affaire, le Conseil d'État a été saisi de deux pourvois concernant une décision de la ministre du logement et de l'habitat durable qui s'opposait à l'aliénation du patrimoine immobilier de l'office public de l'habitat "Saint-Ouen Habitat Public" (OPH de Saint-Ouen) à la société d'économie mixte de construction et de rénovation de Saint-Ouen (SEMISO). Le juge des référés du tribunal administratif de Montreuil avait suspendu l'exécution de cette décision ministérielle. Toutefois, postérieurement au pourvoi, l'intégralité du patrimoine de l'OPH de Saint-Ouen a été vendue à la SEMISO, rendant sans objet les pourvois présentés par la ministre. En conséquence, le Conseil d'État a décidé qu'il n'y avait pas lieu de statuer sur ces pourvois et a rejeté les conclusions de l'OPH de Saint-Ouen relatives aux frais de justice.
Arguments pertinents
1. Concentration de la procédure : Les deux demandes présentées par la ministre ont été jointes pour être examinées ensemble, ce qui démontre une efficacité procédurale. En effet, la décision stipule : « Il y a lieu de les joindre pour statuer par une seule décision ».
2. Expirabilité des effets juridiques : Le Conseil d'État a constaté que la décision ministérielle contestée n'était plus susceptible de produire des effets en raison de la vente réalisée le 31 août 2016. Cela a conduit à la décision : « Les conclusions du présent pourvoi, qui tendent à l'annulation de l'ordonnance prononçant la suspension de l'exécution d'une décision qui n'est plus susceptible de produire d'effets, se trouvent privées d'objet ».
3. Absence de droit à remboursement des frais : Le Conseil d'État a également jugé qu'il n'y avait pas lieu d'accéder aux conclusions de l'OPH de Saint-Ouen pour le remboursement des frais de justice, se référant à des circonstances particulières de l'affaire.
Interprétations et citations légales
Le Conseil d'État a appliqué plusieurs textes de loi essentiels dans sa décision :
- Code de la construction et de l'habitation : Articles L. 443-7 et L. 443-11. Ces articles régissent les conditions d'aliénation des biens immobiliers détenus par les offices publics de l'habitat. Ils définissent notamment les rôles des préfets et de la ministre dans l'aliénation des biens.
- Code de justice administrative - Article L. 521-1 : Cet article permet aux juges des référés de suspendre l'exécution d'une décision administrative dans le cas où elle serait illégale. L'ordonnance contestée était donc fondée sur ce texte, mais le Conseil a retenu que l'événement postérieur (la vente du patrimoine) a rendu cette suspension sans objet.
Cette analyse démontre que le juge administratif est attentif non seulement aux procédures mais aussi à l'évolution des faits propres à chaque affaire, ce qui influence directement l'issue des litiges.