Résumé de la décision
La Cour de cassation a partiellement cassé un arrêt rendu le 15 janvier 1963 par la Cour d'appel de Colmar, qui avait déclaré recevable la constitution de partie civile de la Corporation obligatoire des patrons coiffeurs de Strasbourg dans une affaire où X... était poursuivi pour infraction au Code du travail. La Cour a jugé que la constitution de partie civile était abusive, car les dispositions légales relatives à la réglementation sur la durée du travail visent l'intérêt général et la protection des travailleurs, et non les intérêts des employeurs. La décision de relaxe de X... a été maintenue, mais la demande reconventionnelle de dommages-intérêts pour citation abusive a été renvoyée devant la Cour d'appel de Nancy.
Arguments pertinents
1. Recevabilité de la constitution de partie civile : La Cour a estimé que la Cour d'appel avait commis une erreur en déclarant recevable la constitution de partie civile de la Corporation. Elle a souligné que, bien que la Corporation ait des droits similaires à ceux d'un syndicat, cela ne lui confère pas le droit de se constituer partie civile dans des affaires concernant des infractions aux règles de travail.
> "C'est à tort qu'en l'espèce la Cour d'appel a déclaré recevable sa constitution de partie civile."
2. Intérêt général vs. intérêt collectif des employeurs : La Cour a précisé que les dispositions légales sur le repos quotidien du personnel visent à protéger l'intérêt général et les droits des travailleurs, et non à défendre les intérêts collectifs des employeurs.
> "Les dispositions légales imposant le repos quotidien du personnel ont pour objet l'intérêt général et la défense dudit personnel."
3. Abus de droit : La Cour a conclu que la constitution de partie civile devait être considérée comme abusive, notamment en raison de l'absence d'action de l'inspection du travail et du refus du contrôleur de la Corporation de se présenter lors de l'enquête.
> "La constitution de partie civile devait au moins être déclarée abusive et entraîner réparation."
Interprétations et citations légales
1. Code du travail - Article 11 : Cet article stipule que les syndicats professionnels peuvent exercer les droits réservés à la partie civile uniquement pour des faits portant préjudice à l'intérêt collectif de la profession qu'ils représentent. Cela souligne la limitation de la capacité d'action des corporations par rapport aux syndicats.
> "Les syndicats professionnels ne peuvent exercer les droits réservés à la partie civile que relativement aux faits portant un préjudice direct ou indirect à l'intérêt collectif de la profession qu'ils représentent."
2. Code industriel local - Article 100 : La Cour a fait référence à cet article pour établir que la Corporation obligatoire jouit de droits similaires à ceux d'un syndicat, mais a précisé que cela ne l'autorise pas à se constituer partie civile dans des affaires d'infraction aux règlements du travail.
3. Code civil - Article 1382 : Cet article, qui traite de la responsabilité délictuelle, a été mentionné dans le cadre de la demande de dommages-intérêts pour citation abusive, soulignant que la responsabilité ne peut être engagée que si les conditions de l'abus sont réunies.
> "Tout fait quelconque de l'homme qui cause à autrui un dommage oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer."
En conclusion, la décision de la Cour de cassation clarifie les limites de la capacité d'action des corporations en matière de droit pénal et souligne l'importance de la protection des droits des travailleurs dans le cadre des infractions au Code du travail.