Résumé de la décision
La Cour de cassation a été saisie d'un pourvoi de X... (Guy) contre un arrêt de la Cour d'appel de Paris du 5 juin 1962, qui l'avait condamné à un mois de prison avec sursis et 500 NF d'amende pour coups et blessures volontaires, ainsi qu'à des réparations civiles. X... a contesté cette décision sur plusieurs moyens, notamment pour défaut de motifs et violation des textes de loi. La Cour de cassation a rejeté les deux premiers moyens, mais a cassé l'arrêt en ce qui concerne l'admission de l'action civile de la Compagnie havraise de réassurances, considérant que cette question échappait à la compétence de la juridiction correctionnelle.
Arguments pertinents
1. Sur la constatation des faits : La Cour a affirmé que les juges du fond avaient correctement apprécié les éléments de preuve et que les constatations faites par la Cour d'appel réunissaient les éléments constitutifs du délit de coups et blessures. Elle a souligné que "les juges du fond, loin d'avoir violé les textes visés au moyen, en ont fait une exacte application".
2. Sur la provocation : Concernant le refus d'admettre la provocation, la Cour a précisé que le fait d'être saisi par le revers du veston ne constituait pas une violence grave au sens de l'article 321 du Code pénal. Elle a statué que "l'excuse de provocation ne peut résulter que de coups ou violences graves envers les personnes".
3. Sur l'action civile : La Cour a cassé l'arrêt en ce qui concerne l'action civile de la Compagnie havraise de réassurances, en affirmant que le règlement entre l'employeur et l'auteur de l'accident au sujet des prestations résultant de la convention collective échappait à la compétence de la juridiction correctionnelle. Elle a conclu que "la Cour d'appel a excédé ses pouvoirs et violé les textes visés au moyen".
Interprétations et citations légales
1. Code de procédure pénale - Article 427 et suivants : Ces articles stipulent que les décisions des juridictions doivent être motivées pour permettre un contrôle juridictionnel. La Cour a constaté que l'arrêt attaqué contenait suffisamment de motifs pour justifier la condamnation de X..., permettant ainsi le contrôle par la Cour de cassation.
2. Code pénal - Article 321 : Cet article prévoit que l'excuse de provocation ne peut être admise que dans le cas de coups ou de violences graves. La Cour a interprété cet article en affirmant que le geste de saisir le veston de X... ne constituait pas une violence suffisante pour justifier une réaction violente.
3. Code civil - Article 1382 : Cet article concerne la responsabilité délictuelle. La Cour a jugé que la demande de la Compagnie havraise de réassurances ne pouvait être fondée sur le délit retenu contre X..., car le préjudice allégué découlait d'un contrat et non directement de l'infraction.
En conclusion, la décision de la Cour de cassation illustre l'importance de la motivation des arrêts et la distinction entre les responsabilités contractuelles et délictuelles dans le cadre des actions civiles.