Résumé de la décision
La Cour de cassation a été saisie d'un pourvoi formé par le procureur général près la cour d'appel d'Aix-en-Provence contre un arrêt du 29 novembre 1963 qui avait relaxé X... du chef de construction sans permis. X..., horticulteur à Saint-Laurent-du-Var, avait édifié trois serres sans obtenir de permis de construire, arguant qu'il avait été informé par les services municipaux qu'il pouvait procéder sans autorisation. La Cour de cassation a annulé l'arrêt de la cour d'appel, considérant que les serres constituaient des constructions au sens de l'article 84 du Code de l'urbanisme et que la bonne foi de X... ne pouvait pas justifier l'absence de permis.
Arguments pertinents
1. Obligation de justification des décisions judiciaires : La Cour souligne que tout jugement doit contenir des motifs justifiant la décision. La contradiction des motifs équivaut à leur absence, ce qui est le cas ici, car la cour d'appel n'a pas correctement justifié sa décision de relaxer X... (CASSATION, considérant 1).
2. Application de l'article 84 du Code de l'urbanisme : La Cour affirme que les serres édifiées par X... constituent des constructions au sens de l'article 84, qui stipule qu'il est nécessaire d'obtenir un permis de construire pour toute construction, qu'elle soit à usage d'habitation ou non. La Cour précise que l'absence de réglementation spécifique sur les serres ne dispense pas de cette obligation (CASSATION, considérant 3).
3. Responsabilité des bénéficiaires de travaux irréguliers : La Cour rappelle que les bénéficiaires de travaux effectués en mépris des obligations légales sont passibles d'une amende, et que la bonne foi invoquée par X... ne peut pas excuser l'absence de permis (CASSATION, considérant 4).
Interprétations et citations légales
1. Code de l'urbanisme - Article 84 : Cet article impose l'obligation d'obtenir un permis de construire pour toute construction. La Cour de cassation interprète cet article de manière large, affirmant que les serres, même sans caractéristiques spécifiées dans un règlement d'application, relèvent de cette obligation. La citation pertinente est : "QUICONQUE DESIRE ENTREPRENDRE UNE CONSTRUCTION A USAGE D'HABITATION OU NON DOIT, AU PREALABLE, OBTENIR UN PERMIS DE CONSTRUIRE."
2. Code de l'urbanisme - Article 103 : Cet article précise les sanctions applicables aux constructions effectuées sans permis. La Cour souligne que "LES BENEFICIAIRES DES TRAVAUX EFFECTUES AU MEPRIS DES OBLIGATIONS IMPOSEES PAR LE PRESENT TITRE SONT PASSIBLES D'UNE AMENDE DE 1500 A 150000 FRANCS." Cela renforce l'idée que la bonne foi de X... ne peut pas le protéger contre les conséquences de son infraction.
En conclusion, la décision de la Cour de cassation met en lumière l'importance de la conformité aux réglementations d'urbanisme et souligne que la bonne foi des individus ne peut pas justifier des infractions aux obligations légales.