Résumé de la décision
La Cour de cassation a rejeté le pourvoi de Marie-Jeanne X... contre un arrêt de la chambre d'accusation de la Cour d'appel d'Aix-en-Provence, daté du 4 décembre 1963, qui avait rejeté sa demande d'amnistie. Cette demande était fondée sur le décret du 22 mars 1962, qui prévoyait une amnistie pour les infractions commises dans le cadre de l'insurrection algérienne. La Cour a confirmé que la requérante, citoyenne française et fonctionnaire de l'administration française, ne remplissait pas les conditions nécessaires pour bénéficier de l'amnistie, car elle ne faisait pas partie des populations dont le destin politique devait être engagé par la consultation électorale d'autodétermination.
Arguments pertinents
1. Conditions d'application de l'amnistie : La Cour a souligné que le décret du 22 mars 1962 ne s'applique qu'aux infractions commises en Algérie par des personnes dont le destin politique devait être engagé par la consultation électorale d'autodétermination. En l'espèce, la requérante, étant citoyenne française et fonctionnaire, ne remplissait pas cette condition. La décision de la chambre d'accusation a donc été jugée justifiée.
> "Les mesures d'amnistie édictées par ce texte ne sont applicables, ainsi que la chambre d'accusation l'a exactement déclaré, qu'aux infractions commises en Algérie et par des personnes dont le destin politique devait être engagé par la consultation électorale sur l'autodétermination."
2. Inadéquation de l'argumentation de la requérante : La Cour a également noté que la requérante avait centré son argumentation sur sa possibilité d'acquérir la nationalité algérienne ou des droits civiques algériens, plutôt que sur son statut d'électeur au moment de la consultation. Cela a été considéré comme une interprétation erronée des critères d'éligibilité à l'amnistie.
> "La décision attaquée aurait dû rechercher où la demoiselle X... exerçait ses droits électoraux au jour du scrutin d'autodétermination, et non pas se contenter de rechercher si elle était susceptible d'acquérir la nationalité algérienne."
Interprétations et citations légales
1. Décret du 22 mars 1962 : Ce décret institue une amnistie pour certaines infractions commises dans le cadre de l'insurrection algérienne. L'article 1er de ce décret précise les conditions d'application, qui sont strictement limitées aux personnes dont le destin politique est engagé par la consultation d'autodétermination.
> Décret du 22 mars 1962 - Article 1er : "L'amnistie est accordée aux infractions commises en Algérie par des personnes dont le destin politique doit être engagé par la consultation électorale d'autodétermination."
2. Loi du 20 avril 1810 : Cette loi, bien que moins directement citée dans la décision, est mentionnée pour établir le cadre juridique général des amnisties et des conditions d'application.
> Loi du 20 avril 1810 - Article 7 : "Les amnisties ne peuvent être accordées que dans les conditions et selon les modalités prévues par la loi."
En conclusion, la décision de la Cour de cassation repose sur une interprétation stricte des conditions d'application de l'amnistie, affirmant que seules les personnes ayant un lien direct avec le processus d'autodétermination en Algérie peuvent en bénéficier. La requérante, en tant que citoyenne française et fonctionnaire, ne remplissait pas ces critères, ce qui a conduit au rejet de son pourvoi.