Résumé de la décision
La Cour d'appel de Rouen a rendu un arrêt le 24 mars 1962, confirmant le jugement qui réglait la liquidation de la société à responsabilité limitée "Reconstruction Urbaine Moderne (R.U.M.)", fondée par Boris B... et Raoul A... en 1946. Les parties avaient dissous la société d'un commun accord, mais des désaccords subsistaient concernant la répartition des actifs. Boris B... a formé un pourvoi, soutenant que la cour avait commis des erreurs dans l'évaluation des comptes et la reconnaissance de préjudices liés à la nullité de la société. La Cour de cassation a rejeté le pourvoi, considérant que les arguments de Boris B... manquaient de fondement.
Arguments pertinents
1. Absence d'arrêté de comptes définitif : La Cour a souligné qu'il n'y avait pas eu d'arrêté de comptes définitif entre les parties, malgré les affirmations de Boris B... selon lesquelles la cour d'appel aurait considéré qu'un tel arrêté existait. La cour a précisé que l'accord des parties sur la liquidation devait être pris en compte, ce qui a été établi dans le jugement initial.
> "L'arrêt attaqué n'a ni énoncé qu'il y avait eu 'arrêté de compte' définitif entre les parties, ni décidé que l'actif social serait réparti sur la foi de cet 'arrêté de compte'."
2. Nullité de la société : Concernant la question de la nullité de la société, la Cour a noté que les discussions sur la valeur des apports et le dol allégué étaient vaines, car ces éléments avaient été reconnus par Boris B... dans divers documents, incluant le pacte social et l'acte de dissolution.
> "Les premiers juges... avaient observé que les discussions sur la valeur des apports de A..., dont B... entendait déduire la nullité de la société, ainsi que sur le dol qu'aurait commis Gauthier, étaient vaines."
3. Demande de dommages-intérêts : La Cour a également rejeté la demande de dommages-intérêts de Boris B..., considérant qu'il n'apportait pas de justification sérieuse à l'appui de sa demande. La durée de la procédure était en partie due à ses propres plaintes contre A..., ce qui a affaibli sa position.
> "La cour d'appel a pu, dès lors, considérer que B... n'apportait pas de justification sérieuse à l'appui de sa demande en dommages-intérêts."
Interprétations et citations légales
La décision s'appuie sur plusieurs principes juridiques relatifs à la liquidation des sociétés et à la responsabilité des associés. Les articles pertinents du Code civil et du Code de commerce peuvent être interprétés comme suit :
- Code de commerce - Article L. 223-1 : Cet article stipule que les associés d'une société à responsabilité limitée doivent respecter les dispositions du pacte social lors de la liquidation. La cour a fait référence à cet article pour justifier que les accords entre les parties, tels que le pacte social et l'acte de dissolution, prenaient le pas sur les contestations.
- Code civil - Article 1134 : Cet article énonce que les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites. La cour a appliqué ce principe pour affirmer que les parties avaient librement décidé des modalités de liquidation, rendant ainsi les contestations sur la nullité de la société sans objet.
> "Les parties ont librement et en toute connaissance de cause décidé."
En conclusion, la décision de la Cour d'appel de Rouen repose sur une interprétation rigoureuse des accords entre les parties et des principes de droit des sociétés, confirmant ainsi la légitimité de la liquidation telle qu'elle a été réalisée.