Résumé de la décision
Dans cette affaire, la Cour de cassation a été saisie d'un pourvoi formé par la société à responsabilité limitée Transports Goehner Frères contre un arrêt de la Cour d'appel de Colmar. L'arrêt contesté avait décidé que les indemnités de route versées aux chauffeurs et convoyeurs de la société devaient être incluses dans le salaire servant de base au calcul des cotisations de sécurité sociale. La Cour a également statué que la société ne pouvait pas pratiquer un abattement forfaitaire de 20 % sur la rémunération de base pour frais professionnels, sauf si les salariés en bénéficiaient effectivement sur le plan fiscal. La Cour de cassation a rejeté le pourvoi, confirmant ainsi la décision de la Cour d'appel.
Arguments pertinents
1. Inclusion des indemnités dans le salaire : La Cour a justifié sa décision en soulignant que les indemnités étaient allouées de manière forfaitaire et uniforme, et parfois même versées à des salariés n'ayant effectué aucun déplacement. Cela a conduit à la conclusion que ces indemnités ne pouvaient pas être considérées comme un remboursement de dépenses exceptionnelles. La Cour a affirmé que "lesdites indemnités étaient destinées à couvrir les frais d'un caractère général et commun à tous les chauffeurs".
2. Abattement forfaitaire : Concernant l'abattement de 20 %, la Cour a précisé que ce droit à abattement ne pouvait être reconnu que lorsque l'administration fiscale avait accordé cette réduction d'impôt à un salarié. La Cour a déclaré que "le droit audit abattement est nécessairement reconnu lorsque l'administration des contributions directes fait bénéficier un salarié de la réduction d'impôt sur les traitements et salaires".
Interprétations et citations légales
Les décisions de la Cour de cassation s'appuient sur des principes juridiques relatifs à la nature des indemnités et à leur traitement fiscal.
1. Indemnités de route : La Cour a interprété que le caractère forfaitaire des indemnités ne les exemptait pas d'être incluses dans le salaire. Cela est conforme à la jurisprudence qui stipule que les indemnités versées sans lien direct avec des frais réels ne peuvent être considérées comme des remboursements. Cette interprétation est soutenue par le raisonnement selon lequel "les indemnités ne peuvent être regardées comme constituant un remboursement de dépenses exceptionnelles".
2. Abattement fiscal : La question de l'abattement forfaitaire est liée à la reconnaissance par l'administration fiscale. La Cour a souligné que l'abattement ne s'applique que si le salarié en bénéficie effectivement, ce qui est en accord avec le Code général des impôts - Article 145, qui prévoit des réductions d'impôt pour les frais professionnels. La Cour a ainsi confirmé que "lorsque ce droit est reconnu au salarié par ladite administration", l'abattement est applicable.
En somme, la décision de la Cour de cassation s'inscrit dans une logique de protection des droits des travailleurs en matière de cotisations sociales, tout en respectant les principes de la fiscalité applicable aux indemnités et aux frais professionnels.