Résumé de la décision
Dans cette affaire, X..., comptable au sein de la pharmacie de l'Union Mutualiste Rouennaise, a été licencié après avoir participé à une grève sans préavis ni motif professionnel. Le licenciement a été décidé par le Conseil d'administration de l'Union, alors que le règlement intérieur stipulait qu'une commission spéciale avait la compétence exclusive pour décider des licenciements. La Cour d'appel de Rouen a jugé que le licenciement était abusif en raison de cette violation du règlement, ouvrant ainsi droit à des dommages-intérêts pour X.... Cependant, la Cour de cassation a annulé cette décision, considérant que le Conseil d'administration conservait le droit d'agir, même en déléguant certaines compétences.
Arguments pertinents
1. Pouvoirs du Conseil d'administration : La Cour de cassation a souligné que le Conseil d'administration de l'Union Mutualiste, bien qu'il ait la possibilité de déléguer certaines responsabilités à une commission spéciale, conserve néanmoins le droit d'agir directement. Cela remet en question la décision de la Cour d'appel qui a jugé le licenciement abusif uniquement sur la base de la compétence de la commission.
> "La délégation prévue au profit de la commission spéciale, son fond de pouvoirs, n'enlève pas au Conseil d'administration de l'Union, mandant, le droit d'agir lui-même."
2. Nature des règlements internes : La Cour a également précisé que les modalités d'organisation interne, telles que celles établies par le règlement intérieur, ne constituent pas des garanties en faveur du personnel, mais sont plutôt des modalités d'organisation.
> "Ces modalités internes d'organisation non instituées comme des garanties en faveur du personnel et ne restreignant pas le principe des pouvoirs et de la responsabilité du Conseil d'administration."
Interprétations et citations légales
1. Code du travail - Article 23 : Cet article stipule que le contrat de travail à durée indéterminée peut être rompu par la volonté d'un seul des contractants, à condition que la partie qui subit la résiliation prouve l'existence d'une faute imputable à l'autre partie pour obtenir des dommages-intérêts. Cela souligne l'importance de la faute dans le cadre de la rupture du contrat.
2. Loi du 20 avril 1810 - Article 7 : Cet article, en lien avec le précédent, renforce l'idée que la résiliation d'un contrat de travail doit être justifiée par une faute pour engager la responsabilité de l'employeur.
3. Règlement intérieur : Les articles 1er et 4 du règlement intérieur de la pharmacie précisent que la pharmacie n'a pas de personnalité juridique distincte et que le Conseil d'administration est responsable de son administration. Cela implique que même si une commission spéciale est chargée de certaines tâches, cela ne limite pas les pouvoirs du Conseil d'administration.
> "La pharmacie mutualiste constitue une œuvre sociale de l'Union mutualiste rouennaise et n'a pas de personnalité juridique distincte de celle de ce groupement."
En conclusion, la décision de la Cour de cassation a mis en lumière la distinction entre les compétences déléguées et les pouvoirs résiduels du Conseil d'administration, ainsi que la nature des règlements internes, qui ne doivent pas être interprétés comme des restrictions absolues aux prérogatives de l'employeur.