Résumé de la décision
Dans cette affaire, la commune d'Aron a revendiqué la propriété de trois parcelles de terre incultes, couvertes d'épines et de ronces, que les consorts Y... avaient prises en possession. La cour d'appel a déclaré la commune propriétaire de ces terres, en se fondant sur les lois des 28 août 1792 et 10 juin 1793, qui établissent une présomption de propriété en faveur des communes pour les terres "vaines et vagues". Les consorts Y... ont contesté cette décision, arguant que les terres n'étaient pas vaines et vagues, mais productives, et que leur statut d'accessoire d'un étang n'avait pas été examiné. La Cour de cassation a rejeté leur pourvoi, confirmant la décision de la cour d'appel.
Arguments pertinents
1. Présomption de propriété des communes : La cour d'appel a justifié sa décision en affirmant que les textes de loi en question créent une présomption générale de propriété pour les terres "vaine et vagues", qui est opposable à toute personne contestant cette propriété. La Cour a noté que "les consorts Y... ne détruisent pas la présomption légale".
2. Nature des terres : La cour a constaté que les terres étaient incultes et couvertes d'épines et de ronces lors de la prise de possession par les consorts Y..., ce qui les qualifiait comme "vaine et vague". La cour a souligné que "les juges du fond relèvent que les terres objet de la revendication étaient incultes".
3. Accessoire de l'étang : Concernant l'argument des consorts Y... selon lequel les parcelles constituaient un accessoire de l'étang, la cour a noté que cette allégation était formulée de manière dubitative et n'avait pas été reprise dans les conclusions finales, ce qui ne nécessitait pas une réponse spéciale de la part des juges d'appel.
Interprétations et citations légales
Les textes de loi appliqués dans cette décision sont les lois des 28 août 1792 et 10 juin 1793, qui établissent une présomption de propriété pour les communes sur les terres considérées comme "vaine et vague". Ces lois stipulent que :
- Loi du 28 août 1792 : Cette loi pose le principe selon lequel les terres incultes et abandonnées sont présumées appartenir à la commune, sauf preuve du contraire par un tiers.
- Loi du 10 juin 1793 : Elle renforce cette présomption en précisant que les terres "vaine et vague" sont celles qui, à la date de la Révolution, n'étaient pas cultivées et susceptibles d'être usurpées par la féodalité.
La cour a interprété ces lois comme créant une présomption générale de propriété, opposable à toute contestation, ce qui est fondamental dans cette affaire. La décision souligne que "la présomption est opposable à toute personne qui doit pour la détruire faire preuve de son droit de propriété".
En conclusion, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi, confirmant ainsi la décision de la cour d'appel et la présomption de propriété de la commune sur les terres litigieuses.